André Perlstein

La biographie d'un photographe se résume à son regard. Il y a un regard André Perlstein. Depuis 1967, il livre sa vision du monde et des êtres. Celle d'un homme dont la sensibilité s'est forgée au fil du temps et des épreuves. Rien ne lui a été donné. Venu de nulle part, il s'est imposé comme reporter à L'Express en 1967 et au Point en 1972 grâce à une lecture très personnelle de l'actualité. La facilité n'est pas son genre. Chasseur de l'instant révélateur, il ne réécrit jamais l'actualité. Pas de flash, un décalage permanent pour ne jamais être dans la meute des traqueurs d'images, une anticipation du geste et des situations par une approche intimiste des événements et une connaissance aiguë de leurs ressorts. Ensuite, avec la photo de mode, à Elle et à Vital, est venu le temps de l'esthétique, de la griffe Perlstein, avec la volonté de toujours retrouver l'authenticité de ses modèles et le naturel derrière le glamour.  _Denis JEAMBAR

Comment devient-on photographe ?
A cette question récurrente, que me posent nombre de jeunes gens attirés par ce métier popularisé via internet et le téléphone portable, je réponds invariablement : il faut de l'envie, beaucoup d'envie, de la persévérance, beaucoup de persévérance, du travail, beaucoup de travail, un brin de talent tout de même
et … énormément de chance.
Ainsi en a-t-il toujours été pour moi …
Je suis né en 1942. Sale période pour un fils d'immigrés allemands, fuyant leur pays devant la vague brune. Mon enfance fut chaotique. A 17ans sans avoir véritablement le choix, mais aussi sans grande conviction, je m'engageai dans l'Armée de l'Air pour 7 ans.
Après deux ans d'école militaire, je sors 2ème de promotion, je dois choisir une spécialité
L'aviation ne me passionnait guère. Mon seul désir est d'en finir avec les adjudants-chefs, et leur pseudo discipline. Mon obsession : terminer mon temps d'engagement le plus tranquillement possible.
Un jour, un bon copain me glisse ce conseil : « Choisis la photographie, tu verras, on roupille toute la journée dans les labos ». C'est en cherchant une planque pour échapper à l'autorité des sous-officiers, devenue pour moi insupportable, que je suis donc devenu photographe.
Mais tout de suite, l'œil rivé derrière l'objectif, (un FOCA), j'ai découvert la plus belle des choses : la liberté. J'ai compris que la vie n'est qu'une scène de théâtre sur laquelle chacun joue un rôle.
Drames et comédies s'y enchainent. Il m'appartenait de savoir en saisir les instants les plus cocasses en pressant au bon moment sur le bouton.
Sans tricherie ni manipulation, telle a été ma ligne de conduite pour photographier la vie, les hommes, leurs bonheurs et leurs malheurs. Cette exigence ne m'a jamais quitté. C'est elle qui me guide encore aujourd'hui dans ce métier qui est aussi ma passion.

J'ai découvert la vie grâce à ce métier !
J'ai vécu des années de liberté et me suis vraiment beaucoup amusé, sans avoir jamais eu l'impression de travailler.

Je débute ma carrière comme assistant en 1966, puis durant 15 ans reporter, d'abord permanent à L'EXPRESS, puis comme indépendant : LE POINT, VSD, PARIS MATCH, et en agence : GAMMA, SYGMA, CONTACT. Photographe de plateau de Jean-Pierre MELVILLE, Claude LELOUCH, Claude PINOTEAU.
En 1981, je change d'orientation, et collabore au journal ELLE, et beaucoup d'autres magazines féminins, VITAL, GLAMOUR, VOTRE BEAUTE, et photographie les mannequins les plus célèbres et prestigieux de l'époque. Nombreuses campagnes de publicité, EVIAN, NIVEA, AIR FRANCE, JEANS BUFFALO…
2010, j'expose dans une galerie parisienne 140 images en N et B et édite un livre « CHRONIQUES DES ANNEES 70 » textes de Denis JEAMBAR aux éditions du SEUIL.
Depuis 2011, j'ai participé à de nombreuses expositions en France et à l'étranger

Membre honoraire de la Fondation JEAN-PIERRE MELVILLE.
Contributeur aux archives photographiques de la FONDATION YVES SAINT LAURENT/PIERRE BERGÉ.